CROYANCES LIMITANTES ET PROPHÉTIES AUTORÉALISATRICES

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« Je suis trop vieux/vieille pour apprendre », « Je suis nul.le », « Je n’ai pas le droit à l’erreur », « Je n’y arriverai jamais » « Je n’ai jamais de chance », « Je n’ai pas de mémoire »…

Ces phrases vous « parlent » ? Vous vous êtes déjà surpris à les prononcer ? Nous avons chacun et chacune en nous un cheptel de phrases toutes faites que nous répétons dans certaines situations, héritées de ce que nous avons parfois entendu durant nos années d’enfance ou d’adolescence : « Tu es maladroit.e », « Laisse je vais le faire, tu vas le faire tomber », « Tu vois je te l’avais dit tu ne m’as pas écouté.e », « Tu n’es pas un.e littéraire ! », « Tu es un.e manuel.le », « T’es vraiment pas doué.e », « Chaque fois qu’une voiture galère à faire un créneau, qui c’est qui en sort ? Une femme ».

Là où le bât blesse c’est que nous avons tellement été bercé.e.s par ces phrases que nous finissons par y croire, et qu’elles nous empêchent parfois de nous réaliser (elles sont donc limitantes). Nous allons, sans en avoir conscience, et sans parfois parvenir à les remettre en question, nous comporter de telle manière à confirmer cette croyance, nous persuadant ainsi que nous sommes maladroit.e.s, pas littéraires, plutôt manuel.le.s, ou en ratant systématiquement notre créneau (surtout si je suis une femme et qu’un homme m’observe), etc.

Que disent les neurosciences ?

L’IRM (Imagerie par résonance magnétique) prouve qu’il n’y a pas de différence entre deux cerveaux. Leur configuration va dépendre des interactions avec l’environnement. Dans un entretien accordé au magazine en ligne Terrafemina en 2012, Catherine Vidal, neurobiologiste française, énonce la « construction progressive en lien avec l’environnement familial, social, économique, culturel qui façonne notre personnalité : nos traits de caractère, nos aptitudes, nos goûts, notre identité ».

C’est donc cette construction qui permet de véhiculer nos croyances limitantes dès le plus jeune âge. On les croit « vraies » puisqu’on nous les répète. Aïda Golaszewski, diplômée en neurosciences et pédagogue des troubles de l’apprentissage, nous a accordé pour cet article une interview très intéressante que je vous invite à lire ci-dessous.

« Les neurosciences nous ont apporté à travers l’imagerie cérébrale l’évidence que la répétition renforce l’apprentissage. La découverte est étonnante lorsque que l’on se réfère à l’éducation parentale. Car le fait de répéter la même chose à un enfant – ou même à un adulte – installe donc le paradigme, il est mémorisé et rangé dans l’inconscient. Comme le cerveau est mature vers l’âge de 25 ans et plastique jusqu’à notre décès il est donc nécessaire d’en prendre conscience afin de changer certaines croyances.

Ainsi pour mémoriser, on répète l’action ou le contenu. Si un enfant entend à longueur de temps « Tu es bête ! » « Tu n’as pas la bosse des maths », cela finira par devenir une croyance qui enclenchera un mécanisme de non-estime de soi.

Nous sommes des êtres facilement manipulables et il faut sans cesse garder un esprit critique, ne pas absorber tout ce que l’on nous dit. On a souvent coutume d’affirmer que “les enfants sont des éponges”. Et c’est vrai. De 15 à 25 ans, le système de réflexion, de la maîtrise cérébrale, se met en place. Avant 15 ans il n’est pas mature. Les enfants l’acquièrent néanmoins de plus en plus tôt car nous les stimulons, mais la véritable réflexion vient après 15 ans. Auparavant c’est de la mémorisation pure et dure. Il faut donc déconstruire, rénover, déstabiliser, déconnecter ses neurones, remplacer ses anciens apprentissages par de nouveaux, renouveler son architecture cérébrale et cela demande un certain temps pour les mettre en lien. »

Et vous, quelles sont vos croyances limitantes ?

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